La dernière annonce de Microsoft, en partenariat avec ASUS, a de quoi surprendre : une nouvelle console portable, la ROG Xbox Ally, censée incarner la vision du jeu nomade selon Xbox. Basée sur le succès mitigé de la ROG Ally première du nom, cette version estampillée « Xbox » veut marier la flexibilité d’un PC Windows avec l’écosystème Xbox. Sur le papier, l’idée peut sembler séduisante. Dans les faits, elle soulève de très nombreuses interrogations, tant sur sa puissance, son positionnement tarifaire, que sur sa légitimité face à une véritable console comme la PlayStation 5.
Une fiche technique qui peine à convaincre
La ROG Xbox Ally se décline en deux versions : la classique et la X. Cette dernière embarque un SoC AMD Ryzen Z1 Extreme de génération Zen 4 (ou Z2 AI), 24 Go de RAM LPDDR5X-8000, un SSD de 1 To au format M.2 2280, un écran 1080p à 120 Hz, et une batterie gonflée à 80 Wh. Sur le papier, c’est un upgrade.
Mais alors que 2026 s’annonce riche en blockbusters vidéoludiques toujours plus gourmands, comme GTA 6, ou A Plague Tale 3, les spécifications de la ROG Xbox Ally montrent déjà leurs limites. On est loin de la puissance d’une PS5, dotée d’un GPU RDNA 2 à 36 CU contre exactement 12 CU ici (confirmé pour le GPU RDNA 3 intégré au Ryzen Z1 Extreme, soit environ 8,6 TFLOPS de puissance brute). Même avec les optimisations apportées par Microsoft, il est illusoire d’espérer faire tourner ces AAA récents en 1080p 60 fps sans compromis.
GTA 6 : le test de réalité
L’exemple de GTA 6 est emblématique. Selon un ancien développeur de Rockstar, même la PS5 n’atteindra pas les 60 fps sans concessions. Alors comment imaginer une expérience fluide et immersive sur une console portable, même haut de gamme ? En local, la ROG Ally X plafonnera à 30 fps en réglages moyens sur les gros titres de demain. Le salut pourrait venir du cloud gaming, mais cela implique une connexion parfaite et régulière à Internet.
Tarifs : deux versions, deux réalités
La ROG Xbox Ally sera commercialisée en deux versions distinctes, avec une stratégie prix pensée pour segmenter l’offre selon les attentes :
- Modèle de base (Ally) : Ryzen Z2 A, 16 Go RAM, 512 Go SSD, batterie 60 Wh — environ 599 € à l’entrée de gamme.
- Version premium (Ally X) : Ryzen Z2 Extreme, 24 Go RAM, 1 To SSD, batterie 80 Wh — entre 799 € et 999 €, selon les marchés.
Comparatif avec la PS5 Europe
- PS5 Digital Edition : 499,99 €, suite à une récente hausse de prix.
- PS5 Standard (avec lecteur Blu‑Ray) : 549,99 €, stable actuellement aux tarifs officiels.
Budget total estimé (console + accessoires)
Configuration | Coût total (€) |
---|---|
Ally (base) + accessoires (~70 €) | ~669 € |
Ally X + accessoires (~100 €) | 899–1 099 € |
PS5 Standard + manette | 624,98 € |
PS5 Standard + SSD 1 To + manette | ~824–924 € |
PS5 + SSD + manette Pro | 1 044–1 144 € |
Ce rapide calcul confirme que la ROG Xbox Ally X dépasse largement la PS5 sur le plan du prix — jusqu’à 450 € plus chère, sans assurer des performances équivalentes, notamment sur les AAA récents. Une différence qui peut sérieusement peser sur la décision d’achat.
Un OS bancal : Windows n’est pas SteamOS
Autre problème majeur : le choix de Windows 11 comme système d’exploitation. Contrairement à SteamOS, pensé pour la console portable, l’OS de Microsoft reste trop lourd, peu ergonomique au doigt ou à la manette, et demande constamment des mises à jour, des drivers, des ajustements manuels.
Certes, Microsoft présente une interface « Xbox Game Bar » retravaillée. Mais ça ne fait pas illusion. Le coeur du système reste Windows, avec ses lenteurs, ses incohérences, et son ergonomie de bureau. Cela fait de la ROG Ally une machine hybride, mais surtout « mal née » pour le gaming pur. Espérons que Microsoft travaille grandement sur ce point crucial !
Une stratégie confuse : entre PC et console
Comme pour les Xbox Series S/X, Microsoft répète ici une erreur de positionnement. Deux modèles, aux performances différentes, qui créent de la confusion chez le consommateur. Le joueur averti aura du mal à choisir entre les deux versions. Le joueur occasionnel, lui, n’y comprendra rien.
Et surtout : ce n’est pas une Xbox. Ce n’est pas une console portable 100% estampillée Xbox. Ce n’est pas un Steam Deck. Ce n’est pas un PC gaming à part entière. C’est un entre-deux, flou, sans véritable identité. Et dans un marché où la clarté et la promesse sont essentielles, c’est un problème majeur.
Une cible difficile à cerner
- Les joueurs hardcore iront vers le PC ou la console de salon pour plus de performances.
- Les joueurs casuals trouveront la machine trop chère et compliquée.
- Les fans Xbox peuvent être frustrés de ne pas avoir une vraie Xbox portable.
En somme, la ROG Xbox Ally semble viser une niche… qui n’existe pas vraiment.
Le pari de la portabilité selon Xbox
La ROG Xbox Ally X a tout pour plaire sur le papier. Mais en réalité, elle illustre les errements stratégiques de Microsoft dans le hardware. Ni console, ni PC, ni Deck-killer, elle cumule les compromis : performance moyenne, OS mal adapté, tarif hautain, positionnement marketing flou.
La portabilité ne suffit pas à faire un bon produit. Et en l’état, la ROG Xbox Ally ressemble plus à une tentative marketing qu’à une véritable révolution du gaming mobile.
Mieux vaut, pour l’instant, se tourner vers une PS5 bien optimisée, un Steam Deck OLED mûr, ou un véritable PC portable gaming pour en avoir pour son argent.
Et si NVIDIA avait été de la partie ?
Un scénario alternatif qui change tout
Imaginons un instant que Microsoft et ASUS aient fait le choix de travailler avec NVIDIA plutôt qu’AMD pour cette ROG Xbox Ally. Le changement d’architecture aurait pu bouleverser la donne, à plusieurs niveaux stratégiques et techniques :
🔥 Une puissance graphique largement revue à la hausse
NVIDIA dispose de solutions mobiles basées sur Ada Lovelace (RTX 40xx Laptop) déjà éprouvées. Une puce équivalente à une RTX 4050 mobile, même bridée à 50-60W, aurait offert :
- Un ray tracing bien plus performant,
- Un support complet du DLSS 3.5 avec Frame Generation,
- Et potentiellement du RTX Remix / Ray Reconstruction, offrant une vraie projection next-gen sur un petit écran.
En clair : GTA 6, Cyberpunk, Alan Wake 2 en medium/haut, à 1080p/60 fps avec DLSS 3, cela devenait crédible.