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Test de Farming Simulator 23 : une review aussi difficile que le jeu

C’est le top départ pour Farming Simulator 23 sur Nintendo Switch, mobiles Android et iOS ce 23 mai 2023. Oui ça fait beaucoup de 23. 3 ans et demi que ces plateformes n’avaient pas eu droit à une mise à jour de la franchise à succès de Giants Software. Et si la précédente version n’avait pas fait l’unanimité, ce nouvel opus semble bien parti pour marcher sur les traces de son prédécesseur. Explications.

Voir l’arrivée d’un nouveau Farming Simulator déclenche chez les joueurs une certaine hype. Cette version 23 arrive avec son lot de nouveautés : 2 maps, 130 véhicules (pour la version Switch, 100 sur mobiles) à la concession, les poules comme nouvel animal d’élevage, l’arrivée des chaînes de productions… Sur le papier, on se rapproche de la version 22 sur PC/Consoles de salon. Mais c’est seulement sur le papier.

Les mêmes erreurs

Rappelez-vous ce test de Farming Simulator 20. On y faisait mention de problème de performances, et de choix de gameplay plutôt douteux, bridant ce qui fait la force de cette simulation : son côté bac à sable. Hé bien rien n’a changé à ce niveau. FS 23 accumule les non-sens, et l’on s’en rend d’autant plus compte quand on est joueur de la version 22 sur PC.

Vous commencez votre aventure avec 3 tracteurs de faible puissance, un semoir, un cultivateur, une moissonneuse batteuse et une benne. Mais surtout, votre capital de départ est fixé à 100.000€. Une somme ridicule quand on sait qu’elle ne permettra pas l’achat du moindre matériel. Vous souhaitez un tracteur plus performant ? C’est 200.000€. Vous cherchez à tester le gameplay forestier ? Il faudra débourser au minimum 500.000€, répartis entre l’abatteuse, la rogneuse de souche, et la remorque de transport autoload. Le résultat de ce choix, dont on se serait bien passé, c’est qu’il faudra charbonner une dizaine d’heures avant de pouvoir entrevoir une perspective d’évolution de votre ferme.

Alors oui, pourquoi pas. Mais rappelons que je dispose de plusieurs milliers d’heures de jeu sur la franchise Farming Simulator, que je connais sur le bout des doigts. Imaginez donc un nouveau venu, qui découvre le jeu avec cette version mobile et limitée. Ce joueur pourrait d’une part ne rien comprendre, car les explications sont limitées (comme toujours sur FS), et d’autre part rester bloquer sur une boucle de gameplay (travail du sol, semis, récolte, vente) indéfiniment. Le moindre faux pas ou erreur de stratégie, lors de la vente de votre récolte par exemple, fait payer le prix fort au joueur, avec un compte en banque qui virera immédiatement au rouge. Et impossible de recharger une save, puisque le jeu fait un backup toutes les 5 minutes, et sauvegarde de toute façon la partie lorsque vous la quittez. Aussi, si un joueur expert peut s’en tirer car il connait les mécaniques fondamentales du jeu, un joueur novice se découragera très vite et finira par désinstaller le soft.

La playlist Univers Simu dédiée à Farming Simulator 23

Un Farming Simulator qui a perdu son âme

La difficulté n’a pas été réfléchie (enfin, on le verra plus tard, ça semble volontaire). Il n’est pas possible de faire un prêt bancaire, ni même louer son matériel. En d’autres termes, il n’est pas possible d’ESSAYER. Oui, cette force de Farming Simulator, qui fait qu’on y passe des milliers d’heures à tout tester, tous les gameplays, tous les véhicules, tous les animaux, tous les mods, N’existe PAS dans Farming Simulator 23.

Alors, il y a bien quelques solutions pour les joueurs débutants. Recommencer, persévérer, éplucher les maigres aides, regarder des vidéos de gameplay pour comprendre… ou alors, sur mobile seulement, sortir la carte bancaire. Parce que oui, FS 23 (sur Android du moins) est un Pay to Win. Et pour quelques euros bien réels, vous pourrez devenir virtuellement millionnaire et vous offrir tout ce que le jeu a à vous proposer. Alors pourquoi pas, après tout, sur mobile le jeu s’échange à moins de 10 euros. Mais qu’en est-il de la version Nintendo Switch, vendue 45 euros ? Ne pourrait-on pas avoir un peu plus de liberté ?

Des limitations sans fin

À vouloir trop simplifier la prise en main, Giants Software a trop limité le gameplay de cette version mobile. Pour faire le plus simple possible, je vais vous décrire mon expérience de jeu, ma partie, qui avoisine la soixantaine d’heures désormais. J’ai vite compris les limitations financières, et là où les développeurs ont voulu nous diriger : vers les chaines de productions. J’ai donc acheté mon premier point d’intérêt : le moulin à grain, afin de transformer mes céréales en farine et faire une plus-value sur la vente de mes produits. Une plus-value qui s’est montrée bien maigre et qui m’a fait abandonner mon premier achat au détriment de la production de soja, tout aussi rentable. Je me suis orienté, à l’aveugle, puisqu’il n’est pas possible de quantifier les entrées/sorties d’une chaine de production sans en être propriétaire, vers la fabrique d’huile, afin d’y apporter du colza. Cette fois, c’est la bonne. Je réalise de bons bénéfices. Et après quelques rotations (et quelques heures de jeu), j’envisage l’élevage.

Mais par lequel commencer ? Les vaches ? Non, il faut de l’herbe, et pour la produire, il faut pouvoir la faucher (80.000€), la presser (150.000€), la transporter (100.000€), et je ne suis pas sûr de retomber sur mes sous. Sans compter l’achat de l’étable, plus de 200.000€. Les moutons alors ? Non, il faut aussi de l’herbe. Et même si la bergerie est moins chère que l’étable, ça reste hors budget. Les chevaux ? Pourquoi pas, je suis déjà en mesure de produire de l’avoine. Mais finalement, je m’oriente vers la porcherie, qui est à 2 pas de mon exploitation. J’ai de quoi produire les 3 aliments nécessaires, et la porcherie reste dans mes prix. En revanche, je ne pourrais pas apporter de la paille pour la litière, puisque la paille au sol nécessite une presse ou une autochargeuse. Il m’est aussi impossible d’acheter de la paille (ou même du foin pour les vaches…).

Me voilà donc éleveur porcin. J’achète mes premières bêtes, et me rends vite compte que la rentabilité n’est pas au rendez-vous. Je perds autant d’argent à produire mes céréales qu’à vendre mes cochons. Je ne peux pas vendre mon lisier (pas de cuve de transport), ni l’utiliser dans mes champs (un épandeur coûte un rein). Il va falloir optimiser tout ça. Et c’est là que je veux en venir !

À qui s’adresse ce Farming Simulator ?

Pour le nouveau joueur, qui ne connait pas FS, vous aurez compris que toutes ces réflexions stratégiques sont bien trop complexes. On parle d’une version mobile, accessible a priori à tous, et non d’une version pour hardcore gamers. Et finalement, ce sont ces derniers qui tireront pleinement profit de Farming Simulator 23. Car oui, il faut réfléchir, prendre des notes, et même, on en rigole mais on l’a fait, sortir un tableau Excel pour connaitre, par exemple, à quel moment vendre ses cochons afin d’obtenir les meilleures marges. On est très loin du jeu loisir qu’on lance dans le métro ou dans le bus pour une petite session d’un quart d’heure. Non. Farming Simulator 23 propose un véritable challenge, une mission, et si vous n’êtes pas prêt à l’accepter, alors passer votre chemin.

Je passe volontairement mon tour sur la présentation des maps, d’environ 800m x 800m. Elles sont vides, loin des standards des versions PC. Et le choix de l’une ou l’autre, pour démarrer la partie, n’a aucun impact sur la façon de jouer. Je ne rentre pas dans les détails de gameplay, il y a trop d’incohérences et de manques. L’exemple du lisier pour les cochons n’est qu’un exemple parmi tant d’autre. J’aurais aussi pu parler de l’impossibilité de stocker de la paille en vrac alors qu’on peut la charger dans l’autochargeuse… bref, le gamedesign est mal pensé et manque de profondeur.

Pour conclure : Un avis mitigé

Farming Simulator 23 a, une fois de plus pour cette version mobile, manqué sa cible. Que vous soyez joueur débutant ou fermier chevronné, vous verrez cette nouvelle version sous un regard très différent. La difficulté en fait un mauvais jeu mobile dans lequel faire de courtes sessions de jeu ne permettra pas de progresser. Mais si c’est la recherche d’un vrai challenge qui anime vos entrailles de gamers, alors le dernier-né de Giants Software vous mènera la vie dure.

Un commentaire

  1. J’ai peu joué au 22 car je ne l’ai que depuis peu, et j’ai commencé le 23 comme un noob, grâce à une ou deux vidéo, j’ai suivis la farine d’avoine. Ma partie comporte une centaine d’heures de jeux et j’en suis toujours à l’avoine, je pense basculer au colza et donc à l’huile car je suis obligé de travailler sur trois ans pour me payer une bonne moissoneuse/bon tracteur.
    Comme dit, le niveau est vraiment relevé, et des le début ! L’argent est un réel problème auquel il n’y a a pas de prêts, pas de locations. Les bâtiments, véhicules, et outils sont hors de prix. (Je suis sur Switch et même si j’étais sur Androïd jamais je ne payerai). Le stockage est aussi un gros problème au niveau de l’herbe/foin/paille.

    Enfin bref, un bon jeu au graphisme pourris, avec une difficulté multipliée par 4 par rapport à FS22.